Après une nuit trop brève et un solide petit déjeuner avec les gens de Lange, je retrouve Kurt Klaus chez IWC.
C'est toujours un grand plaisir de bavarder avec l'inventeur de la Da Vinci, devenu l'ambassadeur technique de la marque -et sa mémoire vivante- après 45 ans de travail chez IWC (une carrière d'horloger qu'il commença auprès d'Albert Pellaton).
Au centre de notre discussion, bien sûr, la toute nouvelle Grosse Flieger, la montre "de pilote" développée sur la base du calibre 5000.
Il faut bien vous l'avouer,
la grosse flieger est vraiment ENORME ! Avec ses 46mm de diamètre, ses
150 grammes, sa grande couronne, son boîtier massif de 16 mm d'épaisseur
(qui abrite une cage en fer doux pour protéger le mouvement des champs
magnétiques)... elle en impose sérieusement (la version platine
paraît réservée aux seuls culturistes). Importable pour
un petit gaillard dans mon genre, mais vraiment superbe, d'autant que pour la
première fois, IWC a choisi d'équiper une flieger d'une glace
traitée anti-reflet sur les deux faces du plus bel effet.
La date est une grande date, du fait de la taille même du mouvement, ce
qui épargne une complication pas toujours très élégante
!
La Grosse Flieger s'inscrit dans une lignée de montre de pilote qui commence dans les années 30 avec la mark IX.
la mark IX
Une famille enfin réunie: de gauche à droite, la mark IX, la
grosse montre de pilote (1940 / 54 mm), la mark X et la mark XI
Au coeur de la Grosse Flieger, on trouve le calibre 5011, calibre automatique à réserve de marche de sept jours, dérivé du calibre 5000 lancé à Bâle en 2001 dans une édition limitée (la Portugaise automatique rdm).
le calibre 5011, 38,2 mm de diamètre / 7,2 mm d'épaisseur
Comme me l'explique Kurt
Klaus, le calibre 5000 (le plus grand calibre automatique du monde) a été
conçu en songeant d'emblée aux complications qui viendraient se
greffer dessus par la suite, comme le quantième de la Grosse Flieger.
D'autres complications sont d'ailleurs à l'étude, qui verront
le jour dans les prochaines années.
Le centre du calibre 5000 (dont la petite seconde est indirecte, la roue ne
seconde ne porte pas l'aiguille de seconde, comme sur les anciens calibres IWC,
comme le 8541 ou le célèbre 89) avait été laissé
ouvert pour accueillir un pignon de seconde central.
On l'a vu, le calibre 5011 est un grand mouvement, doté d'un grand balancier (1/3 du diamètre du mouvement, pour des raisons esthétiques) qui tourne à 18 000 alt/h. Un balancier des plus traditionnels, avec des masselottes d'équilibrage et un spiral Bréguet. Le choix de la basse fréquence est déterminé par la taille : un grand balancier à haute fréquence fournirait trop de couple. Et la basse fréquence permet une réserve de marche de 7 jours... Avec débrayage du mouvement avant que la marche ne commence à dériver.
Le principe grand balancier / basse fréquence avait déjà fait ses preuves sur le calibre 89 de la mark XI, encaissant sans faiblir les vibrations des avions militaires de l'époque. Il était donc logique de le retrouver dans une montre comme la Grosse Flieger, qui revendique sa filiation avec les montres d'aviation de l'époque. L'ensemble échappement/balancier/spiral reste le même que sur le calibre 89. La raquette a changé pour permettre l'adjonction d'un réglage fin.
Les dimensions du calibre 5000 ne sauraient être diminué. C'est pourquoi IWC prépare un mouvement de 30 mm pour les prochaines années. Ce nouveau calibre, qui sera dans la tradition des calibres IWC, devrait servir de base à toutes sortes de complications... et dégager un peu plus IWC de sa dépendance envers le Swatch Group pour la fourniture de ses mouvements. Kurt Klaus précise encore une fois que les calibres ETA sont entièrement remis à niveau pour répondre aux critères de qualité d'IWC. Mais il est clair qu'il préfère les calibres IWC !
Parmi les autres nouveautés
IWC de cette année, on trouve une Da Vinci rattrapante platine, qui me
donne l'occasion de reparler un peu de la Da Vinci avec Kurt Klaus, qui porte
à son poignet un magnifique prototype acier de la Da Vinci tourbillon.
La Da Vinci est l'aboutissement d'une conception modulaire qui a permis à
IWC de développer rapidement et à faible coût de nombreuses
complications, mais aussi d'accumuler une expérience profitable pour
le développement de nouveaux calibres maison. Mais pourquoi une glace
plexi sur une si belle montre ?
D'après Kurt Klaus, la glace plexi est une contrainte liée au
design de la montre et à l'épaisseur du mouvement (IWC voulait
une boîte pas trop épaisse avec une glace bombée, impossible
à faire en saphir à l'époque). Aujourd'hui, la technique
permet de fabriquer des glaces saphir répondant au cahier des charges,
mais les fabricants ne peuvent pas fournir en quantité suffisante...
La glace saphir est donc disponible sur commande pour la Da Vinci, mais les
portugaises répétition et la grande Da Vinci rattrapante resteront
abonnées au plexi.
nouveau look pour la Da Vinci Lady, toujours motorisée par Jaeger-leCoultre
Je quitte Kurt Klaus en
lui promettant d'organiser une visite à Paris, pour que les fidèles
de Chronomania puissent le rencontrer et parler avec lui de vive voix.
Au fait, une petite info au passage... IWC prépare une nouvelle Ingénieur...
Après IWC, passage
chez Audemars Piguet pour découvrir la Royal Oak Concept (ou plutôt
son hologramme), créée pour célébrer les trente
ans (déjà) de la Royal Oak (dessinée à l'époque
par Gérald Genta).
La RO concept est un étonnant exercice de design et de technologie, lunette
en titane, boîte en alacrite (un alliage aéronautique) étanche
à 500m, mouvement manuel, mise à l'heure par sélecteur
de fonction (on sélectionne à l'aide d'un poussoir, puis on tourne
la couronne), tourbillon, dynamographe (pour les problèmes de couple
:-), réserve de marche (graduée en tours de barillet)... Et j'en
oublie sûrement.
la royal Oak concept vue par le service de presse
la même vue par Alberto
Au chapitre des nouveautés, on trouve aussi la Royal Oak "city of sails", qui commémore elle aussi les trente ans de la Royal Oak... et la participation d'AP au Défi Suisse (AP sponsorisera le voilier d'Ernesto Bertarelli pour la coupe de l'America).
Pour le reste, je m'en remets à la visite d'Alberto, quelques jours avant moi :
Royal Oak Nick Faldo
Tourbillons
La visite continue, avec
un rendez-vous chez Girard-Perregaux.
Là où beaucoup de fabricants se parent volontiers du titre de
manufacture, Girard-Perregaux préfère s'intituler "marque manufacturière".
Discrétion.
GP fabrique pourtant ses tourbillons et son propre calibre automatique, le 3000,
mais jusqu'à présent il servait de base à des plateaux
de chronographe fournis par Dubois-Depraz. GP fabrique également un mouvement
de chronographe à roue à colonne (que l'on retrouve dans les petits
chronos pour femmes) et prépare un futur calibre à levier, intégré
et non plus modulaire, pour ses chronos.
Cette année, quelques très belles nouveautés, comme cette classique à phase de lune et grande date.
Le mécanisme de la
grande date, un disque transparent pivotant sur un disque à fond blanc,
permet d'afficher la date au centre, y compris du 1er au 9.
(référence 49530. Calibre GP 3330 11 1/2''' - Fréquence
28.800 alt./h (4Hz) , 32 Rubis, Réserve de marche min. 50 heures. Boîtier
en or jaune, rose ou gris, diamètre 40mm. Verre saphir. Etanchéité
30m. Cadran argenté, anthracite, ou bleu. Prix public en Suisse Or jaune
ou or rose, bracelet crocodile CHF 15'900. Or gris, bracelet crocodile CHF 18'800)
Le chrono Richeville change de look (une réussite) et se décline en trois ors.
Quant à la version femme, elle se pare d'un nouveau cadran.
Une autre nouveauté, la Sea Hawk II, montre de plongée à réserve de marche (50h), qui sera disponible en 40 et en 42 mm (merci pour les petits poignets), en boîte acier, or ou titane. Notez la couronne à 4h30
Et pour finir, le tourbillon vintage sous trois ponts d'or...
La 1945 phase de lune, elle, n'est pas une nouveauté, mais je ne résiste pas au plaisir de vous la montrer... Car c'est ma GP préférée.
Passage chez Bovet, ou je
suis reçu très aimablement alors que je n'avais pas de rendez-vous...
L'histoire de Bovet remonte a 180 ans, époque ou la marque fabriquait
des montres de poche richement décorées pour une clientèle
composée essentiellement d'aristocrates chinois (Edouard Bovet avait
ouvert un commerce de montres à Canton). Après un très
long sommeil, et le réveil de la marque par Parmigiani, Bovet a repris
la fabrication de pièces émaillées, gravées, serties,
d'une grande élégance. Avec une production de 2000 montres par
an, on a encore le temps de soigner les détails...
Fleurier propose des montres inspirées des montres de poche, ce qui leur
donne un cachet très particulier.
Chronographe sportster, sur base 7750
Répétition minutes
Tourbillon (sur base Claret) avec aiguilles serpentines et ponts en ailes
de papillon
Montre éléphant, cadran émail cloisonné serti
(deux exemplaires symétriques)
Bon, allez, pour finir, changement radical de cap. Direction Panerai, qui cette année propose quantités de nouveautés. Connaissant la passion de certains d'entre vous (salut Xav) pour la marque en question, j'ai pensé qu'un déluge de photos ne serait pas de trop...
On commence par la famille Radiomir, qui prend du muscle avec un nouveau modèle de 42mm (avec fond transparent, la grande tendance chez Panerai pour 2002)...
La Radiomir 42mm
Toujours dans la famille
Radiomir, un chronographe à rattrapante en or jaune.
Passons au rayon Marina, avec ses vitrines éloquentes...
Et d'abord, une 40mm, base 7750, réserve de marche, fond acier pour les droitiers...
Et la même pour les gauchers... ce qui place la rdm en curieuse position...
Toujours plus fort, le fac simile d'un modèle de 1950, 47 mm quand même !
Et la visite continue...
Luminor Marina automatique or 44mm, fond vissé en or
Black seals, fond vissé en titane, lunette à clapet (hum, hum...)
Luminor Marina acier 44mm, base Unitas, fond transparent
La même vue de dos
En guise de conclusion, quelques photos tirées de la très intéressante exposition "design et horlogerie", qui offrait aux visiteurs du salon un entracte assez bien venu.
Montre de forme, allégorie de la vanité, 1650
Montre de forme, 1660
Cartier baignoire, 1911
Iwc portugaise aviateur, 1942
A l'année prochaine...
P.S. : J'ai fait l'impasse
sur Parmigiani, ce que je regrette car il présentait de très belle
choses, mais l'emploi du temps de mes interlocuteurs et le mien ne concordaient
vraiment pas... Ce sera pour la prochaine fois.
VERS
LE COMPTE-RENDU DE LA FOIRE DE BÂLE 2002
Par Joël de Toulouse