SIHH 2002
Deuxième Partie


 

Après une nuit trop brève et un solide petit déjeuner avec les gens de Lange, je retrouve Kurt Klaus chez IWC.

C'est toujours un grand plaisir de bavarder avec l'inventeur de la Da Vinci, devenu l'ambassadeur technique de la marque -et sa mémoire vivante- après 45 ans de travail chez IWC (une carrière d'horloger qu'il commença auprès d'Albert Pellaton).

Au centre de notre discussion, bien sûr, la toute nouvelle Grosse Flieger, la montre "de pilote" développée sur la base du calibre 5000.

Il faut bien vous l'avouer, la grosse flieger est vraiment ENORME ! Avec ses 46mm de diamètre, ses 150 grammes, sa grande couronne, son boîtier massif  de 16 mm d'épaisseur (qui abrite une cage en fer doux pour protéger le mouvement des champs magnétiques)... elle en impose sérieusement (la version platine paraît réservée aux seuls culturistes). Importable pour un petit gaillard dans mon genre, mais vraiment superbe, d'autant que pour la première fois, IWC a choisi d'équiper une flieger d'une glace traitée anti-reflet sur les deux faces du plus bel effet.
La date est une grande date, du fait de la taille même du mouvement, ce qui épargne une complication pas toujours très élégante !

La Grosse Flieger s'inscrit dans une lignée de montre de pilote qui commence dans les années 30 avec la mark IX.


la mark IX


Une famille enfin réunie: de gauche à droite, la mark IX, la grosse montre de pilote (1940 / 54 mm), la mark X et la mark XI







Au coeur de la Grosse Flieger, on trouve le calibre 5011, calibre automatique à réserve de marche de sept jours, dérivé du calibre 5000 lancé à Bâle en 2001 dans une édition limitée (la Portugaise automatique rdm).


le calibre 5011, 38,2 mm de diamètre / 7,2 mm d'épaisseur





Comme me l'explique Kurt Klaus, le calibre 5000 (le plus grand calibre automatique du monde) a été conçu en songeant d'emblée aux complications qui viendraient se greffer dessus par la suite, comme le quantième de la Grosse Flieger. D'autres complications sont d'ailleurs à l'étude, qui verront le jour dans les prochaines années.
Le centre du calibre 5000 (dont la petite seconde est indirecte, la roue ne seconde ne porte pas l'aiguille de seconde, comme sur les anciens calibres IWC, comme le 8541 ou le célèbre 89) avait été laissé ouvert pour accueillir un pignon de seconde central.

On l'a vu, le calibre 5011 est un grand mouvement, doté d'un grand balancier (1/3 du diamètre du mouvement, pour des raisons esthétiques) qui tourne à 18 000 alt/h. Un balancier des plus traditionnels, avec des masselottes d'équilibrage et un spiral Bréguet. Le choix de la basse fréquence est déterminé par la taille : un grand balancier à haute fréquence fournirait trop de couple. Et la basse fréquence permet une réserve de marche de 7 jours... Avec débrayage du mouvement avant que la marche ne commence à dériver.

Le principe grand balancier / basse fréquence avait déjà fait ses preuves sur le calibre 89 de la mark XI, encaissant sans faiblir les vibrations des avions militaires de l'époque. Il était donc logique de le retrouver dans une montre comme la Grosse Flieger, qui revendique sa filiation avec les montres d'aviation de l'époque. L'ensemble échappement/balancier/spiral reste le même que sur le calibre 89. La raquette a changé pour permettre l'adjonction d'un réglage fin.

Les dimensions du calibre 5000 ne sauraient être diminué. C'est pourquoi IWC prépare un mouvement de 30 mm pour les prochaines années. Ce nouveau calibre, qui sera dans la tradition des calibres IWC, devrait servir de base à toutes sortes de complications... et dégager un peu plus IWC de sa dépendance envers le Swatch Group pour la fourniture de ses mouvements. Kurt Klaus précise encore une fois que les calibres ETA sont entièrement remis à niveau pour répondre aux critères de qualité d'IWC. Mais il est clair qu'il préfère les calibres IWC !

Parmi les autres nouveautés IWC de cette année, on trouve une Da Vinci rattrapante platine, qui me donne l'occasion de reparler un peu de la Da Vinci avec Kurt Klaus, qui porte à son poignet un magnifique prototype acier de la Da Vinci tourbillon. La Da Vinci est l'aboutissement d'une conception modulaire qui a permis à IWC de développer rapidement et à faible coût de nombreuses complications, mais aussi d'accumuler une expérience profitable pour le développement de nouveaux calibres maison. Mais pourquoi une glace plexi sur une si belle montre ?
D'après Kurt Klaus, la glace plexi est une contrainte liée au design de la montre et à l'épaisseur du mouvement (IWC voulait une boîte pas trop épaisse avec une glace bombée, impossible à faire en saphir à l'époque). Aujourd'hui, la technique permet de fabriquer des glaces saphir répondant au cahier des charges,  mais les fabricants ne peuvent pas fournir en quantité suffisante... La glace saphir est donc disponible sur commande pour la Da Vinci, mais les portugaises répétition et la grande Da Vinci rattrapante resteront abonnées au plexi.


nouveau look pour la Da Vinci Lady, toujours motorisée par Jaeger-leCoultre

Je quitte Kurt Klaus en lui promettant d'organiser une visite à Paris, pour que les fidèles de Chronomania puissent le rencontrer et parler avec lui de vive voix.
Au fait, une petite info au passage... IWC prépare une nouvelle Ingénieur...

 

Après IWC, passage chez Audemars Piguet pour découvrir la Royal Oak Concept (ou plutôt son hologramme), créée pour célébrer les trente ans (déjà) de la Royal Oak (dessinée à l'époque par Gérald Genta).
La RO concept est un étonnant exercice de design et de technologie, lunette en titane, boîte en alacrite (un alliage aéronautique) étanche à 500m, mouvement manuel, mise à l'heure par sélecteur de fonction (on sélectionne à l'aide d'un poussoir, puis on tourne la couronne), tourbillon, dynamographe (pour les problèmes de couple :-), réserve de marche (graduée en tours de barillet)... Et j'en oublie sûrement.


la royal Oak concept vue par le service de presse
 
 


la même vue par Alberto

Au chapitre des nouveautés, on trouve aussi la Royal Oak "city of sails", qui commémore elle aussi les trente ans de la Royal Oak... et la participation d'AP au Défi Suisse (AP sponsorisera le voilier d'Ernesto Bertarelli pour la coupe de l'America).





Pour le reste, je m'en remets à la visite d'Alberto, quelques jours avant moi :



Royal Oak Nick Faldo
 
 
 


Tourbillons







La visite continue, avec un rendez-vous chez Girard-Perregaux.
Là où beaucoup de fabricants se parent volontiers du titre de manufacture, Girard-Perregaux préfère s'intituler "marque manufacturière". Discrétion.
GP fabrique pourtant ses tourbillons et son propre calibre automatique, le 3000, mais jusqu'à présent il servait de base à des plateaux de chronographe fournis par Dubois-Depraz. GP fabrique également un mouvement de chronographe à roue à colonne (que l'on retrouve dans les petits chronos pour femmes) et prépare un futur calibre à levier, intégré et non plus modulaire, pour ses chronos.

Cette année, quelques très belles nouveautés, comme cette classique à phase de lune et grande date.

Le mécanisme de la grande date, un disque transparent pivotant sur un disque à fond blanc, permet d'afficher la date au centre, y compris du 1er au 9.
(référence 49530. Calibre GP 3330 11 1/2'''  - Fréquence 28.800 alt./h (4Hz) , 32 Rubis, Réserve de marche min. 50 heures. Boîtier en or jaune, rose ou gris, diamètre 40mm. Verre saphir. Etanchéité 30m. Cadran argenté,  anthracite, ou bleu. Prix public en Suisse Or jaune ou or rose, bracelet crocodile CHF 15'900. Or gris, bracelet crocodile CHF 18'800)

 
 

Le chrono Richeville change de look (une réussite) et se décline en trois ors.








Quant à la version femme, elle se pare d'un nouveau cadran.






Une autre nouveauté, la Sea Hawk II, montre de plongée à réserve de marche (50h), qui sera disponible en 40 et en 42 mm (merci pour les petits poignets), en boîte acier, or ou titane. Notez la couronne à 4h30






Et pour finir, le tourbillon vintage sous trois ponts d'or...








La 1945 phase de lune, elle, n'est pas une nouveauté, mais je ne résiste pas au plaisir de vous la montrer... Car c'est ma GP préférée.








Passage chez Bovet, ou je suis reçu très aimablement alors que je n'avais pas de rendez-vous...
L'histoire de Bovet remonte a 180 ans, époque ou la marque fabriquait des montres de poche richement décorées pour une clientèle composée essentiellement d'aristocrates chinois (Edouard Bovet avait ouvert un commerce de montres à Canton). Après un très long sommeil, et le réveil de la marque par Parmigiani, Bovet a repris la fabrication de pièces émaillées, gravées, serties, d'une grande élégance. Avec une production de 2000 montres par an, on a encore le temps de soigner les détails...
Fleurier propose des montres inspirées des montres de poche, ce qui leur donne un cachet très particulier.


Chronographe sportster, sur base 7750
 
 


Répétition minutes
 
 


Tourbillon (sur base Claret) avec aiguilles serpentines et ponts en ailes de papillon
 
 
 


Montre éléphant, cadran émail cloisonné serti (deux exemplaires symétriques)







Bon, allez, pour finir, changement radical de cap. Direction Panerai, qui cette année propose quantités de nouveautés. Connaissant la passion de certains d'entre vous (salut Xav) pour la marque en question, j'ai pensé qu'un déluge de photos ne serait pas de trop...

On commence par la famille Radiomir, qui prend du muscle avec un nouveau modèle de 42mm (avec fond transparent, la grande tendance chez Panerai pour 2002)...


La Radiomir 42mm

Toujours dans la famille Radiomir, un chronographe à rattrapante en or jaune.






Passons au rayon Marina, avec ses vitrines éloquentes...





Et d'abord, une 40mm, base 7750, réserve de marche, fond acier pour les droitiers...





Et la même pour les gauchers... ce qui place la rdm en curieuse position...





Toujours plus fort, le fac simile d'un modèle de 1950, 47 mm quand même !





Et la visite continue...


Luminor Marina automatique or 44mm, fond vissé en or


Black seals, fond vissé en titane, lunette à clapet (hum, hum...)
 
 


Luminor Marina acier 44mm, base Unitas, fond transparent
 
 


La même vue de dos







En guise de conclusion, quelques photos tirées de la très intéressante exposition "design et horlogerie", qui offrait aux visiteurs du salon un entracte assez bien venu.


Montre de forme, allégorie de la vanité, 1650


Montre de forme, 1660


Cartier baignoire, 1911


Iwc portugaise aviateur, 1942





A l'année prochaine...

© Alain pour Chronomania.net / Avril 2002

 
 
 
 

P.S. : J'ai fait l'impasse sur Parmigiani, ce que je regrette car il présentait de très belle choses, mais l'emploi du temps de mes interlocuteurs et le mien ne concordaient vraiment pas... Ce sera pour la prochaine fois.
 
 

VERS LE COMPTE-RENDU DE LA FOIRE DE BÂLE 2002
Par Joël de Toulouse