HISTOIRE DE LA PREMIERE MONTRE ORDINATEUR
AU MONDE : La Pulsar(r)
Alain Chauvel / France
Le 6 mai 1970, après plusieurs années de coûteuses recherches, la firme Hamilton Watch Company à Lancaster (Pennsylvanie USA) présenta à la presse internationale le prototype de la toute première montre entièrement électronique au monde.Le 10 mai 1970, Hamilton annonce sur une page complète du journal 'New York Times' << Le 6 mai 1970 à 12 heures 01, la montre Pulsar de Hamilton, a débuté une nouvelle ère dans la science de la mesure du temps; elle rend obsolète la montre électrique ainsi que la montre à quartz électro-mécanique, récemment annoncée >>. La Pulsar n'a ni aiguille, ni cadran, ni aucune autre pièce en mouvement, elle pourra donner l'heure avec une extrême précision quasiment pour toujours >>. La Pulsar devint ainsi la première montre au monde sans aucune pièces en mouvement; cette technologie prit le nom de "Solid State" (sans composant mobile).
Le boîtier de la Pulsar fut dessiné par Ernest Trova, l'un des principaux sculpteurs Américains. Une première édition limitée de la Pulsar fut commercialisée fin 1971 au prix de $1500 US, chaque modèle étant numéroté et signé par Ernest Trova. L'annonce publicitaire pour la vente des premières Pulsar stipulait << si vous voulez être une des premières personnes au monde à porter à votre poignet l'ordinateur de l'ère de l'espace, écrivez dès à présent à la Compagnie des Montres Hamilton et réservez votre Pulsar >>. La production normale des modèles en acier et plaqués or démarra en août 1972. Le succès arriva très vite et Hamilton du fabriquer 10.000 Pulsar par mois sans pouvoir satisfaire toute les demandes. Pour aborder quelque peu le domaine technique, voici quelques explications sur son fonctionnement : dans la Pulsar, le découpage et le comptage du temps, ainsi que l'affichage de l'heure, se font de façon entièrement électronique. L'affichage de l'heure ne se fait pas au moyen d'aiguilles; c'est un affichage numérique réalisé à l'aide de diodes électroluminescentes (L.E.D.). Il suffit d'appuyer sur un bouton pour que l'heure apparaisse en numéros rouges clairement lisible sur un écran rectangulaire noir. La lecture de l'heure et des minutes peut se faire pendant une seconde un quart. Quant aux secondes, elles apparaissent aussi longtemps qu'il le faut en maintenant la pression sur le bouton. Un petit barreau de quartz vibre à 32.768 fois chaque seconde, le micro-ordinateur (équivalent à 3.474 transistors à jonction) transforme les oscillations en impulsions par un diviseur binaire, calcule l'heure exacte et la donne quand on appuie sur le bouton. Les diodes luminescentes rouges (L.E.D.), sont équipées d'un régulateur de luminosité adaptant constamment l'intensité de l'affichage à la lumière ambiante. La mise à l'heure de la Pulsar s'effectue à l'aide d'un petit aimant ingénieusement logé dans le bracelet de la montre. Deux piles au mercure assure à la Pulsar une autonomie d'une année environ (à raison de 25 appels de l'heure par jour). La Pulsar est très robuste et résiste à des chocs de 2.500 "G" (2.500 fois l'attraction terrestre).
La précision annoncée pour la Pulsar était de moins de 60 secondes par an par rapport aux meilleurs horloges atomiques du monde. La Pulsar était mystérieuse avec son écran de lecture opaque. Cette montre semblait si étrange qu'elle devint vite connue sous l'appellation de 'Montre Martienne'. Mais la Pulsar représentait plus qu'un simple symbole de luxe et de grand standing à $2100 US (en 1972), elle était le jouet horloger de dernier cri à posséder à tout prix.
Grosse, encombrante et chère, la Pulsar fut très vite dépassée par les montres à cristaux liquides (LCD) avec un affichage numérique permanent et par les montres à quartz analogiques (qui disposaient d'un affichage permanent avec aiguilles). Comme toute folie à la mode, la popularité de la Pulsar fut de courte durée (environ 4 ans). Contrairement à ce que pensent certains, la Pulsar n'a pas été créée par les Japonais ni par les Suisses, mais bien par la firme américaine 'Hamilton' qui développa conjointement avec la firme 'Electro Data Incorporation' (Houston / Texas) le concept de la montre 'Solid State' avec affichage numérique par diodes électroluminescentes. C'est cette même firme 'Hamilton' qui avait d'ailleurs commercialisé dès 1957 la première montre électrique au monde avec pile ("Ventura" avec le mouvement 500). Une réplique de cette montre au design extraordinaire est visible au poignet de Will Smith dans le film ‘Men In Black’.
. Il est d'ailleurs fort intéressant de noter que pour la première fois dans l'histoire de l'horlogerie, les Suisses achetèrent en quantité une montre venant de l'étranger. La Pulsar était vendue en Suisse sous le nom de 'Omega'. Malgré ce que pensent encore quelques uns, la Pulsar ne fut jamais un "flop" pour Hamilton, mais en raison d'une compétition de prix très bas à la fin des années 1970, le marché des montres L.E.D. fut cassé et la compagnie perdit sa position de leader. Cependant, les quatre premières années de production de la Pulsar furent pour Hamilton un énorme succès commercial. En effet, lors du lancement de la Pulsar, Hamilton était en difficulté financière et le succès commercial de cette montre évita à la firme de fermer. Ce n'est que bien plus tard que la firme japonaise Seiko acquit le nom Pulsar(R). Ce nom 'Pulsar' qui est utilisé de nos jours n'ayant plus aucun rapport avec la montre Pulsar de Hamilton.
D'un point de vue pratique, l'affichage numérique par rapport à l'analogique ne fut jamais considéré par les utilisateurs comme un progrès, ainsi que le fait de devoir appuyer sur un bouton pour avoir l'heure (malgré quelques modèles très rares appelés 'Auto/Command' et qui affichaient l'heure par un mouvement rapide du poignet sans appuyer sur le bouton). Ces deux points jugés négatifs, ainsi que la forte consommation de piles (jusqu'à deux changements par an), accélérèrent le processus de déclin de la montre.
De nombreuses personnalités possédèrent une Pulsar ; Roger Moore dans le film "James Bond Live and Let Die", Leonid Brezjnef, Haili Selassie, Sammie Davis, Le Shah d'Iran ainsi que le président des États Unis, Richard Nixon, qui se fit offrir comme cadeau de Noël de la Maison Blanche en 1973, le modèle 'Pulsar Time Computer Calculator' (qui fût la toute première montre calculatrice au monde). Les 100 premiers modèles en or (18 carats) de type "calculatrice" furent vendus en un seul jour, juste avant Noël, au prix de $4.000 US pièce!
C'est ainsi que Monsieur Neil, horloger à Paris fût le tout premier à vendre une montre Pulsar en France aux acteurs de cinéma ; Jean-Paul Belmondo et Charles Gérard.
Aujourd'hui, ces montres électroniques à diodes (L.E.D.) acquièrent pour la première fois leurs lettres de noblesse chez certains collectionneurs de montres, en étant considérées comme la toute première technologie numérique de masse lancée sur le marché dès 1972 (Solid State). Un article de presse tout récemment paru dans une revue américaine de mode (GQ), a encore accentué la frénésie qui entoure la Pulsar actuellement. L'auteur de cet article indique qu'avec un quart de siècle d'avance chronologique , la 'récolte' Pulsar est redevenue depuis quelques mois aux USA, aussi passionnée qu'au début des années 70. La Pulsar est réapparue dans les pages d'éditoriaux des magasines de mode européens ainsi que sous les manches de vestes 'Matsuda', dans les boites de nuit de Manhattan. Il faut également savoir que Pulsar est la seule montre dans l'histoire horlogère à avoir détrônée Rolex dans le milieu des années 70 sur les ventes de montres de luxe.
Heureusement pour les gardiens d'une heure stylée, les prix ont considérablement baissé par rapport à la première tarification de la Pulsar en 1972 ($2100 US). Bien que les modèles en or coûtent encore assez chers par rapport aux montres des designers de cette époque, quelques magasins d'occasions aux USA, vendent les rares premiers modèles à un bouton (en acier inoxydable) aux environs de 500 $ US.
Copyright Alain Chauvel, Nov 2000
e-mail : alain.chauvel@wanadoo.fr
Littératures sur la montre Hamilton 'PULSAR'L'excellent livre de Don Sauers 'Time for America' raconte tout au long d'un de ses chapitres l'histoire complète de la montre Pulsar.
Ref; ISBN 0-915010-36-4
SUTTER HOUSE
P.O. BOX 212
LITITZ
PA 17543
USA
Disponible sur commande à la librairie Américaine 'Brentano's' 37, Avenue de l'Opéra 75002 PARIS : TEL 01 42 615 250 FAX 01 42 610 761.
Le livre de Pieter Doensen 'Watch, history of the modern wrist watch' que je conseille sans réserve, est la bible indispensable à tout collectionneur de montres modernes et design. Un chapitre complet avec de nombreuses photographies raconte l'histoire de la montre à diodes et en particulier de la Pulsar.
Rèf; IBSN 90-5349-135-X
FICHE PRATIQUE
Où acheter une montre Pulsar?
Il n'existe pas à proprement parler de spécialistes de cette montre en France ni en Europe. La meilleure solution étant de 'chiner' chez les horlogers qui étaient déjà en activité au début des années 70'.
On peut trouver quelques modèles aux puces de Paris.
Combien acheter une montre Pulsar?
Il n'existe pas vraiment de cote de l'occasion pour ce type de montre. Il faut compter cependant un minimum d'environ 2.500Frs pour un modèle homme en acier inoxydable. Les tous premiers modèles en or 18 carats (Pulsar P1) peuvent dépasser largement les 55.000 Frs... Deux ventes aux enchères sur le site américain de Ebay courant septembre 2000 ont atteint $6406 et $7100 US (références sur demande à l'auteur de l'article).
Les rares modèles avec affichage des diodes en vert dépassent les 15 000 Frs lors des ventes aux enchères. De plus, un modèle Pulsar complet avec emballage et manuel d'instruction d'origine augmente automatiquement en valeur (compter 4000 à 5 000 Frs pour un modèle acier).
Attention! Un élément très important rentre en ligne de compte : ces montres ne sont que très rarement réparables. Le plus souvent, c'est en raison des piles et de l'acide, qui avec le temps à coulé dans les circuits, que la montre devient irréparable. La seule solution en cas de panne est de changer le module électronique. Mais ce type de pièce est quasiment introuvable.
Pour plus de renseignements sur la Pulsar,
L'auteur de l'article possède dans sa propre collection des documents papiers, vidéos et brochures sur les Pulsar et sur bien d'autre modèles de montres à diodes (L.E.D.). Il est en contact avec l'ancien responsable du SAV de Pulsar Time Computer à Lancaster USA. Il se fera un plaisir de vous communiquer plus d'informations en adressant directement vos demandes au journal qui transmettra (joindre une enveloppe timbrée pour la réponse) ou sur la messagerie électronique e-mail : alain.chauvel@wanadoo.fr
Par ailleurs, une liste de liens internet est disponible sur le site LED Watches