![]() L'Ingénieur, une montre polyvalente. En arrière-plan, la photo de mon escalade en cordée du Mont Rose. |
Mon
intérêt pour la marque IWC avait commençé avec
une modèle de la collection Porsche Design, le petit chrono titane
abritant un très bon mouvement mécaquartz Jaeger-LeCoultre
mesurant les temps courts. J'avais donc déjà pu apprécié
le travail des deux marques cousines, Jaeger LeCoultre pour le mouvement
et IWC pour la montre. C'est un peu par hasard que le modèle Ingénieur
a retenu mon attention, premièrement lors de mentions sur le Forum
Timezone et deuxièmement lors de la lecture d'une excellente revue
allemande d'horlogerie, Chronos, que j'avais pris l'habitude
d'acheter lorsque j'étudiait à Liège, la ville d'origine
de Simenon. Lorsque l'on évoque IWC, c'est la fameuse Mark militaire
qui vient tout de suite à l'esprit. En effet, la Mark et l'Ingénieur,
c'est un peu l'histoire des deux soeurs dont l'une attire tous les regards
des hommes mais dans l'ombre de laquelle reste l'autre, dont toute la
beauté est intérieure.
L'ingénieur se distingue, parmis tant de choses, avant tout par ses propriétés antimagnétiques. Le champs magnétique terrestre est d'environs 80 Ampères/mètre. D'ordinaire, le matériaux d'un boitier de montre résiste à des champs magnétique allant jusqu'à 4.800 A/m. Lange et IWC (avec sa fameuse Mark) avaient déja développé des montres antimagnétiques à usage militaire dans les années 1940. Rolex, dans les années suivantes, a sortit sa désormais prisée Milgauss , qui résistait aux 80.000 A/m. Accessoirement, la Milgauss avait subit lors d'un test des champs de l'ordre de 400.000 A/m sans en paraitre perturbée. Patek Philippe, Blancpain et Omega ont également développé des boîtiers super-antimagnétiques dans les années 1950-1960. Les ingénieurs d'IWC ont ensuite réalisé l'exploit de fabriquer un boitier offrant une protection allant jusqu'à 500.000 A/m, mais la version de série a été conçue pour résister aux 80.000 A/m. Avec la fin de la production de l'Ingénieur, IWC se retire de la liste des montres super-antimagnétiques où figurent encore à ma connaissance: la Sinn 244 Ti (80.000 A/m), les Orfina Military et GMT (100.000 A/m) et la controversée Rock Excel Watch Magnetix (80.000 A/m). Si je ne m'abuse, ces montres sont toutes basées sur le célèbre calibre ETA 2982-A2. |
![]() Une photo du mouvement, tirée de l'article Vergleichstest: Sportliche Luxusuhren von Audemars Piguet, IWC & Vacheron Constantin de l'excellent magazine allemand Chronos, de mars/avril 1999, page70 . |
Au niveau du mouvement, la deuxième génération des
Ingénieur était basée sur une ébauche ETA
2892-A2 retravaillée par IWC. La troisième et dernière
génération, dont fait partie mon modèle, est basée
sur une ébauche Jaeger-LeCoultre 889/2, ajustée dans cinq
positions. Je dois dire qu'entre les deux, le calibre JLC est beaucoup
plus silencieux, aussi bien l'échappement à ancre que le
mécanisme de remontage. Dans les deux versions, le mouvement est
plaqué Or au lieu du traditionnel Rhodium, et réglé
pour reçevoir le titre de Chronomètre délivré
par le COSC. La marque de Schaffhausen a conçu pour le JLC 889/2
rebaptisé Calibre IWC 887/2, un rotor avec masse en Platine (Pt
950) destiné à accroître l'inertie nécessaire
au remontage du ressort. Au niveau de la finition, Chronos comparait
en février 1999 le travail d'IWC sur l'Ingénieur à
celui que Audemars Piguet effectuait sur sa Royal Oak, avec un fonctionnement
légèrement supérieur au niveau qualitatif pour l'IWC.
Bien qu'utilisant des ébauches externes, la maison de Schaffhausen
est en effet une manufacture à part entière.
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![]() La sobriété et l'austérité de l'acier brossé. Un design de fermoir que la revue Chronos juge trop simple. |
Le
boitier, avec ses 34 mm de diamètre et 8,8 mm d'épaisseur
fait de l'Ingénieur une parfaite montre de ville, qui tient très
biens sous la manche d'une chemise en cotton de belle étoffe. La
protection du mouvement par coussins élastomères, la couronne
et le fond vissés à joints thoriques lui confèrent
les caractéristiques d'une parfaite montre de sport, étanche
à une pression de 12 atmosphères. Le bracelet intégré
au boîtier présente l'esthétique, la rigidité
et la finition brossée de certaines grandes classiques des années
1970, telles que l'Audemars Piguet Royal Oak, la Patek Philippe Nautilus,
la Certina DS ou l'
Omega Seamaster dite "Jacques Mayol".
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![]() Le boitier de 34 mm de diamètre à coté de notre désormais monnaie unique. |
Malgré
son Design que certains qualifieraint de très sobre et un peu simpliste,
j'éprouve un réel plaisir à porter cette ingénieur,
qui est empreinte de cet aspect rétro typique de certaines Rolex.
Cette sobriété n'est pas sans présenter certains
avantages, puisque la montre va rarement attirer l'attention. Mon seul
reproche conçerne la discutable loupe sur la date, qui n'est lisible
que perpendiculairement au cadran.
Avec la politique que la maison de Schaffhausen a appliqué jusqu'à présent, le possesseur d'une IWC peut avoir la certitude que les pièces de rechange de sa montre seront toujours disponibles. Avec une ristourne d'environs 25%, faisant descendre son prix de 4.300 € à 3.300 €, j'ai le sentiment d'avoir aquis un excellente pièce de haute manufacture horlogère, que je compte désormais porter lors de tous les moments mémorables de ma vie. IWC n'affiche plus que la version Or dans son catalogue, et les derniers modèles acier quittent les ateliers de la maison suisse. Je conseille vivement à tout amateur de se procurer un des derniers modèles passés inaperçu en vitrine ou de passer commande, en espérant qu'il en reste encore... Fiche technique: Modèle: Ingénieur, officiellement certifié Chronomètre, référence 3521 Indications: heure, la minute, la seconde et la date. Arrêt de la seconde pour mise à l'heure. Mouvement: calibre IWC 887/2 avec remontage automatique, ébauche Jaeger-LeCoultre 889/2, diamètre 25,6 mm (11 1/2 lignes), épaisseur 3,25 mm; rotor avec masse Platine Pt 950, 36 rubis, réserve de marche de 38 heures, réglage dans 5 positions, fréquence de marche 28.800 alternances par heure (4 Hz), certifié Chronomètre. Boîtier: acier avec fond vissé, glace saphir avec loupe, couronne vissée, protection antimagnétique, étanche à 12 atmosphères. Pour une histoire complète de l'Ingénieur, lire l'excellent article de Michael Friedberg (in English). |