A priori ce petit chronographe de la fin des années 1930 n'avait rien de particulier Imprimer
A priori ce petit chronographe de la fin des années 1930 n'avait rien de particulier : les chronographes sans compteur n'étaient pas rares à cette époque et on les appelait alors "montres Stop" ou "Stop secondes". Ils sont apparus à partir de 1935 sur base Landeron et Vénus et de nombreuses marques en ont produit : citons Breitling, Fortis, Astin ou Léonidas.

Le Kamagra pour une exploitation dans la meilleure randonnée servante et. En cause de cet emballage est conçu. Il est plus laissé aux gens qui étaient étonné, mais ce fait besoin de dire.


Mais 2 détails sont surprenants : 
- la lunette tournante comporte une graduation 60 mn sous le verre. C'est inhabituel : c'est en général la lunette elle-même qui est gravée. De plus il est classique de dire que les premières montres munies d'indications sous le verre fixées à la lunette ont été fabriquées par Excelsior Park à partir de 1939. Or ce petit chronographe semble antérieur.
- bien qu'il soit muni d'un seul "poussoir", il s'avère que ce chronographe permet la reprise d'un chronométrage sans passer par une remise à zéro. Et ça c'est très inhabituel. Un chronomètre muni d'un seul poussoir ne laisse habituellement pas le choix : lorsque la marche du compteur des secondes est interrompue, une action sur le poussoir ramène irrémédiablement l'aiguille à zéro. C'est d'ailleurs pour cela que l'arrivée des premiers 2 poussoirs (Breitling, 1933) a été saluée comme une réelle avancée dans le domaine du chronométrage puisqu'elle permet la mesure de temps intermédiaires.

Poussé par la curiosité, j'ai essayé d'abord d'avoir plus d'informations sur la marque CAR. Échec total. La marque n'est pas répertorié dans le Pritchard qui en liste plusieurs milliers et une recherche sur Google m'a fait essentiellement découvrir des sites US d'automobiles...
Je me suis donc intéressé au mouvement :

 



Il y a des jours sans : pas le moindre signe, pas de signature, pas de numéro. Juste une mention concernant un brevet, mention que l'on retrouve d'ailleurs sur le cadran.
On peut toutefois dire que le mouvement a "un air suisse" : finition correcte, échappement à ancre, balancier à masselottes. Autre surprise, il n'y a pas de roue à colonnes. Là aussi, ces mouvements sont habituellement postérieurs : Charles Hahn (Landeron) et Marcel Dépraz (plus tard Dubois-Dépraz) ont conçu les mouvements de chronographes sans roue à colonnes entre 1937 et 1940 et le premier d'entre eux fut le Landeron 47. 
Restait donc à essayer de découvrir qui avait fabriqué cet étrange mouvement en avance sur son temps.

2 détails peuvent orienter la recherche : le "poussoir" et la construction d'une partie du mouvement.
- le poussoir est assez caractéristique des "compteurs de sport", ces montres chronographes sans indication de l'heure qui permettaient en particulier le chronométrage des matchs de foot. Et Excelsior Park en était un spécialiste. Une recherche préliminaire sur les brevets des "Fils de Jeanneret-Brehm", propriétaires à cette époque de la marque Excelsior, révèle en effet une forme de poussoir, en fait une targette, ou verrou, qui se déplace latéralement et non verticalement, très proche de celle de la montre CAR :

 



En revanche aucune ressemblance côté mouvement. Il est donc peu probable que celui-ci provienne de la fabrique de Saint Imier.
- un détail du mouvement est caractéristique : c'est le pont de roue intermédiaire (flèche sur la photo suivante) qui respire son Landeron à 100 mètres.

 



Alors, en avant pour une recherche des brevets Landeron de la fin des années 1930.
Et la chance me sourit : le 18 janvier 1938, la Fabrique d'Horlogerie de Fontainemelon, Succursale du Landeron, a déposé un brevet sur un mécanisme de montre-chronographe publié l'année d'après sous le numéro 201345, et qui décrit parfaitement le mouvement de la montre CAR :

 



Ce mouvement est astucieux : lorsqu'on déplace le verrou à l'extérieur de la boîte, la bascule 8 autorise le déplacement de la bascule 10 : le chronographe se met en marche. Si l'on revient légèrement en arrière, la bascule 8 déplace la 10 et le chronographe s'arrête. La bascule 8 reste stable grâce à une encoche 24 bloquée par le bec 9. Dans cette position on peut, soit reprendre le chronométrage, soit continuer le mouvement du verrou vers l'arrière et le marteau 19 remet alors le chronographe à zéro.

 



Mais dans le texte du brevet une petite phrase attire mon attention : "Des mécanismes de ce genre ont déjà été préconisés, mais le fonctionnement en était peu satisfaisant, soit à cause d'une construction irrationnelle, soit pour manque de précision et de sûreté."

Il y a donc des antécédents. D'autres fabricants ou inventeurs ont déjà tenté de faire ce type de mouvements avant 1938. 
C'est un peu fastidieux, mais en avant pour une recherche de brevets, élargie à l'Europe car la Suisse n'était pas le seul pays à fabriquer des montres mécaniques dans les années 1930...

Et après de nombreuses heures de recherche : surprise. Le 13 août 1935 un certain Henri Chevassus, français et demeurant Rue Boileau à Paris, a déposé en France un brevet sur une montre à chronographe dont le principe est très proche : on retrouve l'action du verrou, la bascule 8 avec son encoche et ses trois positions.

 



En revanche la roue 9 est mise en contact direct lors de la mise en marche, ce qui peut être assez brutal. Serait-ce là la "construction irrationnelle" mentionnée dans le brevet Landeron ?

Centrons alors la recherche sur ce M. Chevassus : il a déposé quelques mois plus tard (le 23 novembre) un additif à son brevet :

 



Là, le principe est désormais exactement le même : la bascule 8 n'agit plus directement sur la roue de chronographe.

Et le 6 août 1936 le brevet fut étendu à la Suisse avec un additif qui signe de façon définitive la montre : la fameuse lunette tournante :

 



Ce chronographe original est donc bien l'oeuvre du français Henri Chevassus. Il permet de confirmer que des chronographes sans compteur et sans roue à colonnes ont été fabriqués dès 1938 et que des lunettes tournantes avec inscription sous le verre existaient déjà à cette époque. 
Pour autant il conserve encore de nombreux secrets : qui était Henri Chevassus ? Quelles étaient ses relations avec Landeron ? Quelle est cette marque CAR ? Pourquoi n'a-t-on pas fait de chronographe avec compteur de minutes utilisant le même principe ?
Mais qu'importe. Henri Chevassus est un peu ressorti de l'ombre. 

 

Et moi, Joël de Toulouse, je le salue bien.